Friday, August 01, 2008

L'homme aux 34 festivals

Marc Enguérand a deux passions dans la vie : la photo et le théâtre. De la première, il en fait son métier à l'âge de 16 ans, mais c'est un peu par hasard qu'il découvre la deuxième. Sa compagne de l'époque l'emmène un soir au théâtre. L'émotion des comédiens, la beauté de la mise en scène et le jeu des lumières opèrent immédiatement leurs charmes sur le jeune photographe qui se dit alors " ce serait génial de photographier ça ! "

Dix jours plus tard, il débarque à Avignon, son appareil photo sous le bras et les poches dégoulinantes de pellicules. Nous sommes en 1973. La même année, il crée sa propre agence, la CDDS, qui alimentera les plus grands journaux français, dont Le Monde.

Très vite, il se forge une notoriété à la Cour d'Honneur, où se jouent les pièces du "In", et devient maître à capturer les émotions de la scène. Très proche des gens du théâtre, il photographie de nombreuses stars dont Jeanne Moreau, qui l'appelle "mon photographe russe", en raison d'une première rencontre à Moscou.

"À l'époque, c'était beaucoup plus festif et surtout moins fliqué. On était plus libre dans notre travail. On faisait mousser le champagne Chez Hélène, un restaurant qu'on avait pris d'assaut, et ça dégénérait toujours !", se rappelle le photographe, un brin nostalgique.

Côté boulot, ce n'est plus ce que c'était. L'arrivée du numérique et la déroute de 2003, quand le festival a été annulé pour cause de grèves des intermittents du spectacle, ont amorcé des changements profonds. "Les journaux se soucient moins de la qualité des photos que de leur gratuité et le festival a perdu son monopole au profit d'autres évènements", regrette-t-il. "J'ai très vite senti que le jouet était cassé".

Aujourd'hui, s'il vient toujours au festival, ce n'est que pour quelques jours. Pourtant, la joie des retrouvailles est intacte. Un projet lui tient désormais à coeur : à 58 ans, Marc Enguérand voudrait constituer un archivage de photos à taille européenne. Son agence compte à elle seule plus de 10 millions de photos qui demandent à être numérisées et répertoriées. Un travail herculéen mais " nécessaire " d'après le photographe qui veut bâtir " un grand musée du spectacle, afin de garder une trace de notre mémoire ".

3 Comments:

Anonymous said...

très bon papier

Anonymous said...

très bonne mâchoire.

Anonymous said...

BON DEPART

s