Saturday, February 17, 2007

Amour Déçu

Quand j’étais enfant, c’était lui que je voulais. C’est lui que je regardais dans la cour. J’espérais sans succès qu’il vienne me tenir la main pour aller à la piscine le mercredi. Il ne m’a jamais vue. Même en licence, à la fac. Et pourtant j’étais probablement la seule personne à avoir suivi le même parcours scolaire que lui. Que pouvais-je lui dire alors que les seuls mots qu’il prononçait à mon égard étaient résumés en un vague « Tu vas bien ?» et, alors que, troublée je ne savais que lui répondre, je me disais que la réponse à cette question conventionnelle n’avait aucun intérêt pour lui. Il me posait cette question par convention justement et basta. Jamais il ne m’a regardée, il ne m’a qu’aperçue. Et pourtant, moi, quand j’y réfléchissais, ma vie n’avait aucun sens sans lui puisque c’est lui qui guidait mes choix, mes souhaits, mon inconscient même. Parfois, je me troublais totalement à l’idée qu’il ait pu ne jamais existé et alors que serais-je devenue si j’avais été délivrée de ma passion pour lui ? Tout ou rien mais au moins j’aurais été libre. Lui, vivant, ne me permettait rien. Je mourais d’amour pour lui. Tout ce que je faisais, je le faisais pour lui, en pensant à lui et en faisant en sorte qu’il me remarque. Ce qui n’arrivait jamais. Quand je repense à tout ça, maintenant qu’il est face à moi, ligoté, tremblant, le visage bardé de sang, je suis persuadée que le tuer est la meilleure idée que j’ai pu avoir. Il va mourir pour m’avoir ignorée et alors je serais soulagée, je mourrais finalement, vraiment pour lui et, chose que je n’espérais pas, près de lui. Son corps en lambeaux et son âme éteinte me supplient de le laisser vivre. M’a-t-il laissée vivre lui ? Non il m’a incitée à mourir. Il crèvera, homme indigne et ingrat, et c’est moi qui me chargerai de le tuer après l’avoir fait souffrir. Son corps subira ce que mon esprit a subi pendant toutes ces années pendant lesquelles je l’ai aimé. Croyez moi je l’aime encore, plus que jamais et cette situation ne se réglera que par la mort, la sienne d’abord, la mienne ensuite. Je l’aime. Qu’il crève. Il est mort. A mon tour. - Clém

4 Comments:

Anonymous said...

pas mal, pas mal.. pas mal.

Anonymous said...

clemente clemence

Anonymous said...

j'ai trop kiffé!

Anonymous said...

j'ai pris mon pied.

s