Wednesday, December 06, 2006

Onanisme breton



La maison est une grande dame parfumée de lumière.
Grand-père est un vieux monsieur qui déteste être en retard.
Le samedi soir il n’y a rien à la télé.
Le pape a été remplacé par un autre pape l’an dernier, on l’a vu à la télé.
Le samedi soir grand-mère prend son petit manteau, son petit chapeau et emprunte le sentier qui conduit à l’église. Le sentier est toujours le même, malgré le vent, la pluie ou le soleil et les pas de grand-mère sont toujours aussi déterminés, malgré la maladie, les rhumatismes et la vieillesse.
Elle prie pour tous ceux qu’elle aime et s’efforce de n’oublier personne.
Elle prie pour moi. Moi qui ne crois pas en Dieu.

Les stores électriques sont percés de petits trous qui distillent la lumière en petites tâches dorées sur le papier peint.

Grand-père regarde la télé mais il n’y a jamais rien le dimanche.
Grand-mère fait la sieste avec le chien. Leurs vieux ventres voûtés entonnent des chansons aux relents drolatiques.
A l’étage, un lit grince : papier peint-éructation-papier peint.

Le sperme est un liquide opalescent et gluant qu’on obtient en suivant les vaporeuses lignes de ses désirs charnels.

La table est mise. Il est dix-neuf heure- diabète de grand père oblige : viande, pommes de terre sautées, fromage, beaujolais nouveau (ni bon ni mauvais), yaourt, fruit (banane ou pomme).
Sieste pour grand-mère, télé pour grand-père, lit grinçant et papier peint. Digestion pour nous trois.

Le sperme est un liquide chaud et puant qu’on obtient en effectuant sauvagement un geste mécanique sans penser à rien.

Papier peint repeint

C’est l’heure de la promenade. Il est seize heure. Sur le sentier bordant la falaise le chien est presque mort. Sur la falaise bordée par un sentier le vent breton ulule férocement. Le vent a le souffle infini depuis qu’il ne fume plus.
Des escaliers mènent à la plage. La mer s’est retirée au large obligeant les bateaux à se coucher sur le sable. Le sable, son corps enseveli, ensablé jusqu'à ses seins dressés et pointant vers le ciel bleu-blanc-gris. Sa nuque courbée vers le bas. Bouche bée et cou nu sur mes doigts.

C’est l’heure de la soupe. Pas la soupe aux choux, ni aux oignons ou au potiron, mais la soupe au saumon.
La soupe est un liquide indéfini qui produit un son horripilant qu’on obtient en approchant la semence à ses lèvres et en aspirant très fort.

La dernière fois qu’Annie mangea de la soupe, elle avait du sperme sur les doigts.

1 Comment:

Anonymous said...

D'Onan et de l'Onanisme:

Onan est le Second fils de Juda, frère de Er, et doit, selon les coutumes du lévirat prendre pour épouse Tamar, la femme d'Er, à la mort de celui-ci, Er n'ayant pas fait d'enfant.
Onan refuse, préférant «laisser sa semence se perdre dans la terre» (le récit issu de la Genèse-Vayeshev, ne dit pas comment cependant) et est frappé de mort par YHWH.
Selon les Sages d'Israël, il ne s’agit pas de la masturbation ni du coïtus interruptus : contrairement à celui-ci, il n’y a pas rétention de la matière séminale mais dispersion à l’extérieur (adapté de Rachi sur Genèse 38 :9).
Les Sages condamnent vigoureusement l’onanisme, passible de la peine de mort et outrage au Créateur (traité Nidda 13b, où l'épisode d'Onan est cité afin de proscrire aussi bien la masturbation que le coït interrompu).
Rachi déduit du récit qu'Er se livrait probablement aux mêmes pratiques qu'Onan, afin de ne pas flétrir la beauté de sa femme par la grossesse, ce qui contribue à accréditer la thèse.
Les commentateurs catholiques médiévaux interprétèrent également l'intervention divine comme une condamnation de la masturbation et/ou de la contraception, et toutes leurs interprétations s'attachèrent à condamner encore plus ce dernier point.
La plupart des exégètes modernes pensent que la faute d'Onan fut surtout d'enfreindre les règles du lévirat, et estiment que le passage ne fait pas référence à la masturbation, mais au coïtus interruptus, tous deux aboutissant tout de même à empêcher la conception. Or, la conception étant le début de la vie, Onan empêchait ainsi la vie.
Néanmoins, la charge principale reste l'enfreinte aux lois du lévirat, qui est une loi divine, alors que ni la masturbation ni le coïtus interruptus ne sont expressément condamnés par les Ecritures.
Nous voilà rassurés!

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