Sunday, March 14, 2010

Deux femmes engagées dans la diffusion de la culture des Afrique

Leur sourire communicatif témoigne de leur appétit. L'envie d'aller loin. De tirer vers le haut une initiative nommée Afriqua Paris. A la tête de cet ambitieux projet, Astou Arnould et Penda Traoré, deux quadras unies pour bouleverser les codes. Depuis près d'un an et demi, elles promeuvent, à la manière de deux médiatrices, des formes d'expressions culturelles touchant à l'Afrique, de la littérature au théâtre en passant par le cinéma. Elles tentent de rapprocher le public de démarches artistiques ambitieuses et accessibles, mais méconnues faute de visibilité. «Il ne faut pas s'arrêter aux apparences et la base de notre travail, ce sont les rencontres, confie Astou, ancienne institutrice en Côte d'Ivoire. Pourquoi certaines choses se vivent dans Paris et ne se partagent pas ? Pourquoi ? Alors qu'il suffit simplement d'un ticket de métro. Il n'y a pas de langue ni de barrière pour vivre une émotion.» 

Astou CAMARA-ARNOULD

« Nous sommes tous capables de percevoir et d'entendre »

Pour lutter contre le manque d'information et de sensibilisation, les deux complices mènent des campagnes de communication via leur blog en soutenant entre autres le Théâtre des Amandiers à Nanterre, la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes et Athénée Louis Jouvet à Paris. Après avoir accompagné pendant quatre mois le spectacle « Tismée » écrit par Bruno Fougnies et mis en scène par Rubia Matignon, Afriqua Paris défend actuellement « Vénus » de Suzan-Lori Parks mis en scène par Cristèle Alves Meira : une pièce basée sur l'histoire vraie de Saartjie Baartman, exilée en Europe et montrée comme une bête de foire. « Nous avons vu beaucoup de pièces qui ne trouvaient pas leur public, assure Astou. C'est désolant. A un moment donné, il faut agir. Les gens ne sont pas forcément au courant de ce qu'il se passe. Nous avons toutes les deux des origines variées et un réseau. On s'en sert pour venir en renfort, pour déblayer le terrain. » Ensemble, elles ouvrent des portes. « Nous sommes tous capables de percevoir et d'entendre, et parfois ça donne la possibilité qu'un coup de foudre ait lieu, explique Penda, qui travaille en parallèle dans les médias. C’est dans ce sens que l’on travaille, sans être professoral ni pompeux car la culture est avant tout un plaisir.»

Penda TRAORE


« Créer une proximité entre l'œuvre et le public »

Une fois par mois, les Jeudis d'Afriqua Paris permettent ainsi de décrypter l'offre culturel. Metteurs en scène, écrivains, historiens, comédiens se réunissent dans un restaurant. La chaleur du lieu permet à tous d’échanger librement, d’ouvrir le débat et de faire émerger des projets complémentaires. Philippe Adrien, directeur de la Tempête, est notamment venu évoquer ses collaborations avec des compagnies autres que celles de l’Hexagone. Sans oublier le metteur en scène Hugues Serge Limbvani, le cinéaste Euzan Palcy ou encore Léonora Miano, nouvelliste et romancière. « Nous créons une proximité entre l'œuvre et le public. Les artistes sont présents, échangent, jouent un extrait. Ils donnent envie aux gens de revenir. Ensuite, on les amène au théâtre, on négocie même des tarifs préférentiels. »

« Le théâtre peut être populaire »

Désireuses de changer les mentalités, elles restent conscientes du chemin à parcourir dans un pays en quête d'identité. « Vivre différentes cultures ne fait pas perdre une culture, pourvoit Astou. Je vis dans cette richesse là, celle de la France, et il faut œuvrer pour ça. » Pour Penda, "la France a 20 ans et non 85. Et quand la diversité culturelle a 20 ans, elle est forte et elle le sera. »
Pour l'heure, l'écho fonctionne et certaines créations sortent de l'ombre. « Au départ, le théâtre était populaire, c'était pour tout le monde, alors pourquoi pas maintenant. Oui le théâtre peut être populaire. Si chacun y met du sien. » Un discours optimiste qui dépeint l’état d'esprit d’une structure qui espère peu à peu devenir la plate-forme de référence sur laquelle le public de la région parisienne pourra compter.


Retrouvez Afriqua Paris sur :
Restaurant Albarino, 4 rue Lekain 75016 Paris

«Vénus » de Suzan-Lori Parks mis en scène par Cristèle Alves Meira :

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