Tuesday, May 01, 2007

Les vieux

Ils mangèrent et eurent beaucoup d’excréments De formes farfelues mais de couleurs convenues Ils burent tout leur soûl et pleurèrent de fines gouttes de vin Tombées comme des braises sur le tapis à fleurs desséchées Sur lequel ils folâtrèrent après s’être déchaussés. Mais ce fut en vain qu’ils tentèrent de tuer l’indolence Et ils couinèrent longtemps, très longtemps Avant d’étouffer les bougies et de raviver le silence. Dans la salle de bain, elle se démaquille à la petite cuillère Son dentier en main, il batifole devant la glace peroxydée. Ils se couchèrent sans dents. Dans le lit conjugal il y eut quelques flatulences complices Puis vint l’heure d’embrasser le chien qui embrassait sa carotte Sa petite carotte couleur sang qu’il léchouille et traîne partout. Le visage gluant, ils s’embrassèrent à leur tour ; ou non, ils ne s’embrassèrent pas, Leurs lèvres s’effleurèrent nonchalamment et leurs doigts éteignirent les lumières.

1 Comment:

Anonymous said...

Pour moi, l'effet d'une révélation... sacré prose. De tout ce que j'ai pu lire, surement ce que tu as écris de mieux.

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