Thursday, May 03, 2007

Autoportrait

Miroir sans tain au teint brouillon qui me regarde d’une bien étrange façon. Qui est plus laid de mes dents éméchées ou de ma peau percée d’une poilée de poils fourbus ? Et moi je tire sur ce visage du bout de mes ongles perlés de tâches lactées, je tire et frotte pour y retrouver peut-être mon reflet. À bout de nez souffle mon haleine essoufflée d’avoir bu trop de fumée et goulu trop de baisers. Peut-être n’ai je pas assez battu ce cœur qui cogne. Sous ma joue joue un os trop joufflu à mon goût. Alors mon doigt appuie sur le cartilage pour le percer mais le perce-oreille n’a pas entendu les battements de mes tympans. Aphone c’est une errance phonétique que de bailler trop longtemps. Pourtant ma glotte est fatiguée, elle aimerait enfin se reposer ; elle a trop langui contre mes langues. Avec l’âge une ride s’est formée sur mon front, mais j’ai beau pleurer elle ne veut pas mentir et s’allonger. Et ses peaux et ses monceaux ne font pas jaunir ni flétrir mes oripeaux, ni faner mes pollens ni même rien. Miroir étrangement façonné au teint sans teinte moirée qui me regarde sans brouillon. Qui est plus laide de mon ombre ou de ma silhouette ? Et moi je tire sur ces verres du bout de mes reflets percés d’une poilée de traces effilochées, je tire et frotte pour y retrouver peut-être une réalité. À bout de souffle mon haleine boit mon nez essoufflé d’avoir fumée trop de baisers et but trop de goulus. Peut-être ai-je trop cogné ce cœur qui bat. Au goût de mon os sous ma joue joue un joufflu. Alors le perce-oreille perce le cartilage de mes battements mais mes doigts appuient sur mes tympans. Phonétiquement longtemps l’errance est un bâillement de trop. Mes langues se sont reposées et languissent de se fatiguer sous ma glotte. Une ride a beau pleurer elle ne mentira jamais, alors elle s’allonge et sur un front se forme. Rien même ni pollens, ni faner, ni oripeaux, ni flétrir, ni jaunir, les monceaux ne vont pas faire les morceaux de mes peaux.

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