Monday, March 05, 2007

Le Barbuck de Buck - Orhan en Emporte Autant


Il est grand de s'y mettre et d'enfourcher cet akhal-téké turc qui est à la littérature ce que sont les oeufs à la mayonnaise: indispensable. Mais ne nous y trompons guère mes joyeux loustics je vous parle littérature sauce grand-seigneur. Pas la légère zéro-calories. Celle de Pamuk colle au bide, deux semaines dans les mains mais une vie dans le cervelet. En deux mots: elle vous prend aux tripes et on en redemande. Nommons deux bouquins qui se laissent bouffer comme une bonne choucroute un soir d'hiver dans un coin paumé d'Alsace: "Mon Nom est Rouge" & "Le Livre Noir". Voilà de quoi vous donner une indigestion chronique. Parce que le Orhan il vous balance quelques phrases comme ça au hasard d'une rue d'Istanbul et déjà on en pleure sa mère tellement c'est bon. C'est une estampe messieurs dames, de celles qui s'imprègnent en un murmure, comme une petite praline qui fond sur un bout de langue. Et disons le tout de suite, Pamuk c'est une bouée de sauvetage dans un océan de merde, une lueur au milieu des flots condescendants et puériles de la littérature toute-faite, de celle qui se réchauffe en deux minutes au micro-ondes le soir. Allons même plus loin, Pamuk c'est une capote face à cette littérature infectée et infectieuse qui se complait dans ces propres miasmes et barbote admirablement dans ses relents de pédanterie immonde. Protégez-vous bordel, on ne le dira jamais assez.

Ca y est tu as acheté un bouquin d'Orhan Pamuk. Et tu te demandes si tu vas assurer, tu te demandes si tu as assez faim, tu te demandes si t'es assez bien gaulé du slip. Avant d'ouvrir le livre, autant en sacrifier quelques autres avant, tu peux balancer ton dernier Werber, ainsi que tous tes Coben. Je te parle pas Viagra qui te remplit deux heure le pantalon. Une fois le livre ouvert, tu découvres un ensemble de mots et de phrases tout emberlicotés avec un truc qui pend au bout: c'est le réservoir dans lequel se retrouvera ton cerveau après éjaculation. Il faut donc prendre le bouquin par ce réservoir, que l'on peut d'ailleurs nommer autrement, prologue, premier chapitre, épilogue ou fin, peut importe, et le serrer bien fort entre le pouce et l'index pour chasser l'air qui pourrait s'y engouffrer et provoquer une déchirure. Il ne manquerait plus qu'un zeste de Dan Brown vienne s'y infiltrer pour gâcher tout le plaisir. Déroule les pages tout doucement, du bout des doigts, le long de ta cervelle en érection. Si ça ne marche au début, c'est que le livre est à l'envers. Oui, c'est un peu dur bien sur, mais ce n'est que question d'habitude. Bientôt, même en pleine nuit tu trouveras le sens du déroulement. Une fois que le tout est prêt à l'emploi, c'est tout simple: vérifier qu'il est bien déroulé jusqu'à la base des méninges de manière à ce qu'il reste bien en place, et penser à se retirer à la fin de la lecture, c'est à dire après l'éjaculation mais avant la fin de l'érection (pour préserver le plaisir évidemment). Après emploi, refermer et ne pas jeter. Faire tourner et déguster sans modération.

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