Wednesday, January 10, 2007

Le retour



L’homme est sur le perron. Il s’arrête au seuil de la porte.
Je me demande pourquoi je tremble, dit Hanna.

Tu trembles parce que le sang est un liquide rouge qu’on obtient en coupant ta peau laiteuse suivant les lignes bleues de tes veines.
Ce n’est pas l’homme qui parle, c’est la petite voix dans la tête de Victor.

C’est le soir. La maison est tranquille. C’est le soir et pourtant le soleil perce la nuit depuis que rien n’est impossible.
Il y a dix ans on pensait que tout était possible. Aujourd’hui c’est un fait avéré. L’impossible est possible ! c’est Napoléon qui a parlé.

L’homme est sur le perron. Sur le perron où se tient l’homme (qui est peut-être le narrateur) un petit paquet bleu chiffonné fait son apparition. L’homme en tire une cigarette et la fume.
C’est une gitane, dit Hanna.
C’est une gauloise, dit Victor.
Et l’homme hoche la tête.

Le lait est un liquide opaque et très nutritif qu’on obtient en découpant la pointe marquée de minuscules protubérances roses d’un sein de femme tremblante.
Ce n’est pas la petite voix dans la tête de Victor qui a parlé, c’est celle d’Hanna.

La porte se referme. L’homme est à l’intérieur. À l’intérieur se trouve l’homme dont on ignore s’il est ou non le narrateur de cette histoire. Il parle avec Victor, dit Hanna depuis le jardin.
Ça doit être terrible ce qui se passe dans la maison un peu froide aux panneaux solaires !

Le soleil est trop brillant sous cette voie lactée. Cent fois plus brillant qu’il y a dix ans, dix fois plus vieux qu’il y a cent ans.
Hanna dit qu’elle ne voit plus rien, dit le narrateur.
Le narrateur est un salop ! dit Hanna
Victor et l’homme (qui n’est sans doute pas le narrateur) acquiescent.
Ils acquiescent parce qu’ils n’entendent pas ce qu’elle dit.

Hanna colle son visage aux parois en verre Securit de la maison mais ne voit personne (du moins c’est ce qu’elle dit).
Le lait est un liquide blanc… non ! La voix qui débite toutes ces conneries sur le lait ne veut plus parler.

Victor et l’homme s’éloignent, s’estompent, disparaissent.
Il ne reste plus qu’Hanna. Elle prend le narrateur par la main et dit :
Excuse-moi pour tout à l’heure, j’étais énervée, je ne pensais pas ce que j’ai dit.
Le narrateur sourit. Esquissant un mouvement assuré il prend Hanna par la taille et la rapproche de lui.
Après une longue pause Hanna dit : Mon amour, cela faisait si longtemps que je t’attendais…

0 Comments:

s