Wednesday, January 17, 2007

Le bon la brute et le truand

Qui est qui? C’est la question qu’essaye amèrement de poser le film. Y a-t-il une réponse? Impossible de le savoir, sauf si l’on joue la carte de la partition : le bon la brute et le truand résident chacun en chacun, des tiers parfois inégaux qui commandent nos humeurs comme nos actions, nos béatitudes et nos rigueurs, nos soupçons et notre confiance. Le cow-boy est lâché dans la jungle du Wild West, et il y découvre sa véritable nature. Lanceur de lasso, croquemort, barman buveur de lait ou malfaiteur aguerri, dans les plaines sans référent ni référé, sans référence et sans N’est-ce pas ? Alors son chapeau s’abat tendrement sur ses sourcils, masquant d’un peu d’ombre son crâne désossé par les torpilles du soleil. Il ne voit plus que des mirages et des réalités – il le sait – mais ne s’en soucie pas – ne peut s’en soucier. Arrivé à une oasis, il déselle ; ses éperons foulent le dessous de ses plantes de pied, sa gueule rude se penche vers la mare. Bonne, brute, ou truande ? Il n’en sait rien et n’en saura rien. Ni nous peut-être d’ailleurs. Seulement, dans un lointain recoin de sa conscience, il se souvient encore du navire qui l’a embarqué sans questions, avec pour seul exigence qu’il se soumette aux ordres. Du capitaine qui était bel et bien le capitaine, mais seulement après Dieu. Dieu qui existait chaque instant parmi les vagues effrontées du périple. Maintenant, cow-boy solitaire, le seul droit qui lui reste, c’est de relever la tête, la bouche pleine de sable, ou d’eau.

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